1. Xandre Rodríguez: Quels ont été tes premiers pas dans le monde du dessin? SIXO: Mes premiers pas furent chez ma grand-mère pendant les vacances, quand j'étais enfant. Elle nous gardait ma soeur et moi, il n'y avait pas beaucoup d'occupations, et vu son état de santé, c'était difficile pour elle de nous amener faire des trucs de fous. Du coup, on passait beaucoup de temps chez elle. Etant peintre, ma grand-mère m'a de suite encouragé à dessiner, j'ai donc passé une grosse partie de mes vacances à dessiner. Ça m'a tellement plu que je n'ai plus jamais arrêté.
2. XR: Comment s'est passé la transition du graffiti au dessin sur le papier? SIXO: La transition a été longue, il a fallu que j'apprenne à maîtriser la bombe, afin de pouvoir reproduire mes dessins sur mur. Finalement, l'évolution entre technique de dessin, et graffiti s'est faite parallèlement, les deux se sont influencés mutuellement. Je peux dire qu'il n'y a pas eu de transition franche, mais une évolution.
3. XR: Tu as déjà participé avec d'autres artistes urbains (Speedy Graphito, H101, Le Cyklop...) dans plusieurs expositions collectives. Comment s'est passé l'expérience et l'échange avec le public? SIXO: L'échange fut assez intéressant. Etant sorti du cadre de la rue, l'intérêt des gens est accru, leurs questions par rapport à notre travail sont plus pertinentes. Cependant, j'avoue préférer l'échange dans la rue, c'est plus direct, les gens ne prennent pas de pincettes, ils n'hésitent pas à dire s'ils n'aiment notre peinture ou autre. Pourtant, j'adore le fait de rassembler tous ces artistes urbains dans une même exposition. Ça arrive rarement. Il y a toujours une super ambiance, car on se connait tous de près ou de loin. On voit l'évolution de chacun, ça crait une sorte d'émulation artistique et humaine.
4. XR: Dans l'une de ces expositions qui été liée à l'Espace des Blancs Manteaux, tu avais dessiné sur place une oeuvre de grand format. Était-ce la première fois que tu dessinais une oeuvre de cette taille? SIXO: Non, ce n'était pas la première fois, mais il est vrai que je le fais très rarement. J'aime dessiner entre le A4 et le format raisin. Après, tout dépend de la place qui m'est allouée lors d'une exposition. Plus j'ai d'espace, plus j'en prends.
5. XR: Le noir et blanc s'impose dans la plupart de tes oeuvres. Quelles sont pour toi ses avantages? SIXO: L'avantage c'est que ça ne coûte pas cher. Peu importe le support utilisé, que ce soit sur papier, un mur ou de la peu. Le fait de n'utiliser qu'une seule couleur permet d'avoir un rapport plus rapide et instinctif avec le support, mais cette utilisation est à double tranchant. En effet, un dessin en noir et blanc implique une grosse réflexion sur les niveaux de contraste et composition. C'est une technique qui ne pardonne pas, d'autant plus quand on fait de la ligne claire. Si votre très est raté, ou que les niveaux de lumières sont mauvais, ça saute aux yeux. Il y a beaucoup moins de marche de manoeuvre qu'avec la couleur.
6. XR: Par contre, dans ton parcours on a du mal à voir de la couleur. Est-ce qu'elle t'empêche d'exprimer ce que tu veux? SIXO: Pour moi la couleur est superficielle dans mon travail. Je ne vois aucun intérêt de l'utiliser, et, quand je mets de la couleur, je n'aborde pas les mêmes sujets, et je ne dessine pas de la même manière. Donc elle ne m'empêche pas d'exprimer ce que je veux, elle me donne envie de montrer une autre chose. On me pose souvent la question: Pourquoi le noir et blanc? Généralement, je réponds: Pourquoi la couleur?
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